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Des centaines d’organisations de la société civile dénoucent la prise de contrôle de l’ONU par le Forum économique mondial

L’appel, lancé dans une lettre ouverte, reproche à l’accord de « délégitime[r] » les Nations-Unies et affaiblir le rôle des États dans la prise de décision mondiale.

240 organisations de la société civile et 40 réseaux internationaux ont appelé le Secrétaire général de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) à mettre fin à l’accord de partenariat stratégique récemment conclu entre l’ONU et le Forum économique mondial (FEM). L’appel, lancé dans une lettre ouverte, reproche à l’accord de « délégitime[r] » les Nations-Unies et affaiblir le rôle des États dans la prise de décision mondiale.

Signé en juin, l’accord promet « d’accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 » en renforçant la coordination institutionnelle et la collaboration entre l’ONU et le FEM. En outre, le partenariat accorde aux sociétés transnationales un accès préférentiel et différentiel au système des Nations-Unies, aux dépens des États et des acteurs de l’intérêt public.

Cet « accès préférentiel » viendrait saper le mandat de l’ONU ainsi que son indépendance, son impartialité et son efficacité dans la responsabilisation des entreprises. « Cet accord entre l’ONU et le FEM officialise une capture inquiétante de l’ONU par les entreprises. Cela pousse dangereusement le monde vers une gouvernance mondiale privatisée et non démocratique », a déclaré Gonzalo Berrón du Transnational Institute en présentant la lettre.

Bien que l’ingérence des entreprises dans le système des Nations-Unies ne soit pas inhabituelle, l’ONU deviendrait associée de manière permanente aux sociétés transnationales selon les nouveaux termes du partenariat entre l’ONU et le FEM. À long terme, cela permettrait aux dirigeants d’entreprises de devenir des conseillers « sursurrant » auprès des responsables des départements du système des Nations-Unies.

Le système des Nations-Unies est déjà gravement menacé par le gouvernement des États-Unis et ceux qui contestent un monde multilatéral démocratique. De plus, cette corporatisation en cours réduira le soutien public au système des Nations-Unies dans le Sud et le Nord, rendant le système dans son ensemble encore plus vulnérable.

Afin d’éviter un échec total, l’ONU doit adopter des mécanismes efficaces et cohérents permettant de prévenir les conflits d’intérêts. En outre, elle devrait renforcer les communautés qui sont les véritables détentrices des droits humains, tout en créant un système de gouvernance internationale plus fort, indépendant et démocratique.

Selon Sofia Monsalve, Secrétaire générale de FIAN International, «toute politique à cet égard doit tenir compte des différents rôles de l’intérêt privé et des titulaires de droits qui s’occupent des biens et des avantages communs».

À cet égard, toutes les organisations et tous les mouvements qui souscrivent à la lettre s'engagent à continuer de lutter contre la privatisation de la démocratie dans le monde.

Remarques
• La lettre complète et la liste des signataires peuvent être lues en anglais, espagnol et français.