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Mettre fin à l’abus des droits des femmes par les multinationales

L’opportunité de combler les lacunes réglementaires pour prévenir les abus et l’impunité des multinationales sur la vie et le corps des femmes ne peut être stoppée.

Il y a plus d’un siècle aujourd’hui, environ 15 000 travailleuses d’usines de confection descendaient dans la rue pour obtenir des conditions de travail décentes, marquant ainsi un moment historique sans précédent. Malgré une mobilisation constante à travers le monde depuis lors, les femmes souffrent encore profondément des conséquences des abus par le secteur privé ainsi que de sa capture des espaces politiques. Un traité des Nations Unies visant à règlementer les sociétés transnationales et autres entreprises, actuellement en cours de négociation, pourrait inverser de manière significative cette tendance, et au final, y mettre fin.

 

La Journée internationale des femmes, fermement enracinée dans les luttes des femmes, est l’occasion parfaite de rappeler que le traité contraignant est la voie pour l'égalité des genres. Les États doivent soutenir et participer de manière constructive aux négociations s’ils souhaitent véritablement défendre les droits des femmes.

Les conséquences des abus sur les femmes par le secteur privé

Les activités commerciales ont souvent des impacts différents et disproportionnés sur les hommes et les femmes, en raison de différents rôles et droits sociaux, juridiques et culturels fondés sur le genre. Elles peuvent entraîner des déplacements forcés et des accaparements des terres au sein des communautés, ce qui peut conduire à exposer les femmes à davantage de violence sexiste, à la malnutrition, ainsi qu’à la perte de soutien social, de liens culturels et d’opportunités d’éducation. Les femmes sont en effet souvent exclues des consultations et des décisions ayant un impact sur l’avenir de leurs terres, de leurs moyens de subsistance et de leurs communautés, et ne sont pas considérées comme des défenseuses des droits humains.

De même, les travailleuses sont encore confrontées à des salaires plus faibles et à aux cadres de travail les plus précaires, en plus de la violence sexuelle et sexiste. De tels contextes et violations des droits du travail repoussent de nombreuses femmes de la main d’œuvre, ce qui augmente le travail non rémunéré des soins dans le ménage.

Parallèlement à ces abus et à bien d’autres formes de violation des droits humains, les femmes se heurtent à de plus grands obstacles pour accéder aux voies de recours et à la justice.

Pouvoir sans responsabilité ?

L’impunité des entreprises pour les violations des humains est rendue possible par les lacunes réglementaires dans les lois nationales et internationales, et est aggravée par l’influence du secteur privé sur l’élaboration des politiques. Les multinationales possèdent un vaste pouvoir politique et économique qui dépasse souvent celui des États. Actuellement, les revenus des trois plus grandes sociétés transnationales dépassent le produit intérieur brut de 110 pays. Réguler les activités de ces puissants acteurs est crucial afin de s’assurer que les profits ne soient pas prioritaires sur la réalisation des droits humains et les besoins des personnes, y compris ceux des femmes et des filles.

Le traité est crucial pour assurer efficacement la prévention, la protection et la réparation des dommages liés aux activités commerciales pour les communautés et les personnes, en particulier les femmes et les filles, qui sont souvent les plus touchées. Les pays qui aspirent à être des champions des droits des femmes et à promouvoir l’égalité des genres doivent s’engager de manière constructive dans les négociations, car la conclusion du traité sera essentielle pour la pleine réalisation des droits des femmes et des filles, ainsi que la mise en œuvre adéquate d’autres instruments juridiques les concernant.

Vous pouvez lire la déclaration des organisations féministes au Conseil des droits humains ici

Nous invitons les mouvements féministes, les organisations de droits des femmes, et autres alliés à soutenir et rejoindre #Feminists4BindingTreaty.

Pour les questions relatives aux médias, veuillez contacter ici pour rester informé-e des futures mobilisations pour le traité international contraignant.