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Ouganda: confronté à de graves violations des droits humains dans le cadre du projet de Total

Le projet destructeur du géant pétrolier français illustre l’urgence d’un traité contraignant pour les entreprises en matière de droits humains

Le géant pétrolier français Total prépare un projet pétrolier de grande envergure dans un parc naturel de la région des Grands Lacs en Afrique, chassant des milliers de personnes de leurs foyers. Les multiples atteintes aux droits humains qui ont déjà émaillé ce projet soulignent la nécessité d'un traité des Nations Unies obligeant les entreprises à répondre de leurs actes, tant à l'encontre de l'environnement que des droits humains.

Le projet colossal de Tilenga comprendra plus de 400 puits et un pipeline de 1 400 km traversant l'Ouganda et la Tanzanie. Il obligera plus de 100 000 personnes à quitter leurs foyers, dont 30 % de la population d'un seul district. La majorité des agriculteur?rice?s locaux?ales, chassé?e?s de leurs terres en Ouganda, n'ont toujours pas reçu de compensation. Des militant?e?s communautaires ont été attaqué?e?s et des agriculteur?rice?s qui ont témoigné dans une affaire judiciaire française ont reçu des menaces de mort. 

Dans une nouvelle analyse, nous montrons comment cette affaire souligne l'urgence pour les États de s'entendre sur un traité contraignant des Nations Unies sur les sociétés transnationales et autres entreprises commerciales et les droits de l'Homme, en discussion à Genève cette semaine.

"La loi nationale française sur le devoir de vigilance de 2017 est mise à l'épreuve dans cette affaire. C'est la première loi au monde à obliger les entreprises domiciliées sur le territoire d'un État ou y ayant leur siège à prévenir les abus commis à l’encontre des droits humains et de l'environnement, où qu’elles opèrent dans le monde", a déclaré Gabriela Quijano, experte en matière d'entreprises et droits humains. 

Dans un nouveau rapport, publié par FIAN International et Les Amis de la Terre France, nous montrons comment cette affaire souligne l'urgence pour les États de s'entendre sur un traité contraignant des Nations Unies sur les sociétés transnationales et autres entreprises commerciales et les droits de l'Homme, en discussion à Genève cette semaine.

Ce rapport est le troisième d'une série qui examine comment un traité des Nations Unies permettrait d'amener les sociétés transnationales à rendre des comptes. À l'instar de la catastrophe du barrage de Brumadinho au Brésil et du déplacement massif de populations après l'accaparement de terres par la société coréenne POSCO en Inde, le cas de Total montre qu'un ensemble solide de règles contraignantes est indispensable pour garantir la primauté des droits fondamentaux des peuples sur les intérêts économiques.

Juliette Renaud, responsable de campagne chez Les Amis de la Terre France, a déclaré que "la loi française sur le devoir de vigilance n'est pas parfaite, et qu'il existe encore des lacunes importantes dans la protection des personnes affectées par des entreprises peu scrupuleuses."

"Tirer les leçons de cette affaire par l'adoption d'un ambitieux traité contraignant de l'ONU est une occasion unique afin de combler ces lacunes et de mettre enfin un terme à l'impunité des entreprises," a ajouté Juliette Renaud.